Empire d'Eternia

Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Empire d'Eternia

Forum Rôle-Play, thème médiéval-fantastique.

Le deal à ne pas rater :
ETB Pokémon Fable Nébuleuse : où acheter le coffret dresseur ...
Voir le deal

2 participants

    [Flash back] Un mariage difficile...

    Medar
    Medar


    Messages : 30
    Date d'inscription : 28/07/2011

    [Flash back] Un mariage difficile... Empty [Flash back] Un mariage difficile...

    Message par Medar Jeu 28 Juil - 4:02

    C'était bien, bien longtemps avant qu'une pâle et belle jeune femme aux cheveux sombres et aux yeux rouges ne soit couronnée par un jeune général pour régner sur l'Empire naissant d'Eternia. Bien longtemps avant qu'un Humain drogué à l'Épice venu du Désert et un Semi-Orc à la tête de ses Daknan'gra ne prennent le pouvoir sur ce qui était alors Orkandia déchiré par la guerre et n'y pose des bases qui leur surviraient pendant des années. Longtemps même avant qu'Asahi ne règne à Etemenorkia, avant que l'Ennemi ne s'en vienne dans les terres dévastées qui portaient un autre nom, pour être combattu par Cinq grands Héros à la tête de leurs peuples et vaincu par un sacrifice ultime. Oh, oui, c'était maintes années avant cela, des siècles, des millénaires mêmes. Loin à l'Est, Sabra extrayait du sol ses précieuses Pierres de Pouvoir, alors que sur le continent divisé de puissantes citées s'érigeaient et se répandaient lentement, des cités dont les dernières survivantes seraient ravagées par l'Ombre bien plus tard.

    Loin de le temps, donc, mais aussi loin, bien loin sous la surface, au fond des dédales les plus profond du sombre peuple des Elfes Noirs, le glas d'un dieu sombre et à présent oublié retentissait encore, faisant naître mille et un échos, dans la vaste caverne. Zeshania la Belle, Zeshania la Fière, Zeshania l’Orgueilleuse, que l'on nommait la Fleur aux Six Pétales, venait de fêter dans le faste un grand mariage, l'alliance d'un clan lointain avec un des politiciens et sorciers les plus accomplit qu'elle comptait en ses murs, qui lui-même était venu des galeries les plus profondes, bien des années plus tôt. La cérémonie avait été majestueuse dans le Grand Temple, car nul n'aurait pu imaginé moins que cela, en dépit du fait que le couple ait déjà célébré leur union une première fois dans la cité d'origine de la dame. Certes, ils partageaient le même culte, mais nul n'aurait pu dire si le Grand Prêtre et la Grande Prêtresse de cette ville éloignée étaient véritablement dignes du Dieu et donc si l'union était valide. Et puis le marié était bien assez intelligent pour savoir cultiver la bonne société zeshanienne, qui adorait les occasions de faire de telles fêtes, gorgées de puissance et de grandeur, rappels de leur fierté, de leur orgueil.

    Cette fête-ci, comme beaucoup d'autres, avait dégénéré après la cérémonie elle-même et le banquet, comme dégénéraient souvent les fêtes des Elfes Noirs, bien loin de la surface et de tout soupçon de la lumière solaire, bien loin du ciel et des étoiles, pour qui la morale n'était qu'un pâle spectre pour les esclaves et les fous, dont on riait en la transgressant allègrement. Pourtant, le couple d'honneur s'était éclipsé avant cela, gagnant ses propres appartements, loin de la grande salle où se déroulaient les festivités et des chambres attenantes mises à la disposition des invités de marques. Et si nul bruit ne filtrait jusque là, ce n'était pas seulement de part l'art exquis des constructeurs de Zeshania le Belle, acquis bien longtemps au part avant et perfectionné au court des âges, c'était aussi grâce à la simple distance. Car le Palais de Medar Alenaduis, qui avait unis son destin à celui de Svanhilde Luaruneclavra ce jour-là, était l'un des plus grands et des plus beaux de la puissante et influente Cité, ce qui n'était à vrai dire pas négligeable vu l'importance de la ville dans la tapisserie du pouvoir dans cette région des profondeurs, tant politiquement que vis-à-vis de la richesse.

    De nombreux invités s'étaient d'ailleurs dit que le marié avait encore agrandit sa richesse de part se mariage, malgré la dot qu'il avait dû versé au père de son épouse, et pas seulement par les relations politiques qu'il allait en retiré. La jeune femme à la peau noire et aux cheveux blancs, comme eux tous, était d'une grande beauté, bien formée, gracieuse, noble, à l'attitude royale, digne d'une épouse parmi les plus éminentes. Tout ce qu'il fallait au charismatique Medar qui avait su si bien s'imposer dans la Cité aux Six Pétales, avec sa magie, sa richesse et les hommes dévoués qu'il entraînait derrière lui, sans compter son influence grandissante à Zeshania la Fière. Certes, la Dame avait parue un peu boudeuse lors de la cérémonie, et même du banquet, comme si elle n'était pas totalement heureuse, mais qu'était-ce que le bonheur pour les Drows, face à l'argent et au pouvoir ?Toutes les conversations s'étaient accordées sur cela : Alenaduis serait bien faire plier sa sublime épouse, et l'amener dans son lit mais aussi dans ses machinations, à force de cadeaux et de charme. Comment ne pas céder à un noble si charismatique, beau et puissant ?

    Le seul qui ne tenait pas cet état de fait comme irrémédiablement acquis, c'était Medar lui-même, qui se trouvait maintenant dans les appartements qui étaient à présent ceux du couple après avoir été seulement les siens, enfin seul à seul avec sa nouvelle épouse. Il était tout de noir vêtu, comme souvent, même s'il aurait de toute façon dû l'être dans tous les cas, ce jour-là, car les zeshaniens se mariaient toujours en noir, homme comme femme. Sa femme à lui était tout simplement éblouissante dans sa robe d'ébène, à la lumière bleutée des lampes magiques, mais il n'avait guère d'espoir de pouvoir goûter à son corps de rêve ce soir-là, à moins de l'y forcer, ce qu'il ne voulait pas faire. Il était bel et bien intelligent, il avait compris avant de l'épouser qu'elle ne serait pas une fleur docile et passive qui lui céderait sans résistance. Non, si elle devait être comparée à une fleur, ce serait plutôt à Zeshania elle-même. Elle était aussi belle, enivrante, fière, rusée et dangereuse que la Fleur aux Six Pétales, aussi difficile à soumettre, si ce n'était plus encore. Et c'était justement tout cela qui l'avait fait la choisir elle entre toutes les candidates possibles.

    Nombre de femmes auraient été aussi intéressantes politiquement à épouser, et certaines étaient elles aussi des beautés, bien qu'à ses yeux Svanhilde soit la plus belle. Mais ce n'était pas sa seule beauté qui l'avait élue à ses yeux, même si la beauté était une condition quasi-incontournable pour progresser dans la société Drow. C'était pour son intelligence, son charme, sa fourberie, son potentiel immense qu'il l'avait choisie. Il ne voulait pas d'une belle plante soumise à ses désirs, il pourrait toujours trouver des maîtresses pour occuper sa couche si elle s'y refusait pour de bon, même une fois qu'ils se connaîtraient mieux. Ce qu'il voulait d'elle avant tout, c'était la femme, et pas seulement le corps sublime dont celle-ci disposait. Il voulait une alliée fiable dans cette société où la traîtrise était le maître mot, liée à lui par une union puissante, qui deviendrait peu à peu son égale dans le royaume, l'empire qu'il comptait bien se tailler politiquement parlant. Il était tout disposé à lui offrir tout ce qu'elle voudrait, tandis qu'elle l'aiderait à réaliser ses ambitions, bien plus vastes et profondément formées que ne le soupçonnait aucun noble de Zeshania la Fière...

    Avant cela, toutefois, il faudrait se l'allier pour de bon, briser sa froideur et sa méfiance. Mais il s'y connaissait, et il avait tout, tout son temps. Il avait toujours tout son temps, il l'avait toujours eut depuis qu'il vivait, ce qui faisait une durée bien plus longue que ne l'imaginait quiconque. Alors qu'il regardait jusque-là la grande cité par la grande fenêtre donnant sur la terrasse de la chambre, pour l'instant fermée, il se tourna enfin vers l'intérieur de la pièce et sa promise qui l'y attendait, ses yeux rouges impassibles dans son beau visage d'ébène aux traits fins, porteur d'une noblesse et d'une beauté indéniables, vecteur d'un charisme électrique et irrésistible...
    Svanhilde Luaruneclavra
    Svanhilde Luaruneclavra


    Messages : 13
    Date d'inscription : 03/06/2011

    [Flash back] Un mariage difficile... Empty Re: [Flash back] Un mariage difficile...

    Message par Svanhilde Luaruneclavra Sam 30 Juil - 20:47

    Comme si la torture n’avait pas été assez grande comme ça de m’unir à lui une fois parmi les miens, il avait fallu que je recommence ici, sur ses terres, dans son royaume. Fabuleux vraiment… Je n’avais jamais voulu me marier. L’idée de me retrouver enchaînée à un époux pour le restant de mes jours à porter ses enfants ne m’avait jamais enchantée même si on avait longtemps essayé de m’y préparer. Après tout, étant la fille d’un Puissant, il était légitime que l’on finisse par me vendre au plus offrant un jour…
    Mais voilà, j’étais jeune. Je m’éveillais juste au monde et à la vie. Parfois il se passait des décennies voir même des siècles avant qu’une drow comme moi ne soit donnée à un mari. Ces femmes avaient eu le temps de vivre et découvrir le monde et ses secrets. Elles avaient eu le temps d’exister… Moi, je n’avais que 17 ans… Une enfant… Un bébé même si l’on s’en référait à certaines de mes sœurs âgées de plusieurs zéros derrière leur premier chiffre… Mon père avait regretté d’avoir une autre fille lorsque j'étais venue au monde. Pourtant à mesure que j’ai grandi, il avait été heureux de constater que mes traits s’embellissaient un peu plus à chaque nouveau jour. Jusqu’à devenir une sublime jeune fille, attirant les grands seigneurs de toutes les contrées avoisinantes. Très vite il s’était retrouvé affublé de dizaines de demandes en mariage. Il les avait refusées, se disant qu’un jour l’une d’elle sortirait du lot.

    Il eut raison… Ce jour là d’ailleurs, fut le jour où je rencontrai Medar pour la première fois… En apprenant que mon père m’avait fiancée, j’avais essayé de m’enfuir. De partir au grand galop à travers les plaines et les montagnes jusqu’à un endroit où je serai hors d’atteinte. Mais à mi-chemin de la frontière du domaine de mon paternel, on m’avait rattrapée et ramenée de force dans la grande salle du château. C’est encore emmitouflée dans ma cape de voyage, mes cheveux emmêlés et le regard haineux que j’avais été présentée face à mon fiancé, entourée par quelques soldats qui me tenaient fermement alors que je me débattais comme une furie. J’avais obstinément gardé mon regard détourné, refusant de regarder celui qui m’avait achetée. Je n’avais eut d’yeux que pour la porte entre-ouverte qui menait jusqu’à ma chambre. Je m’étais faite sourde et muette, restant imperméable à tout ce qui s’était dit, que ce soit adressé à moi ou non.
    Lorsqu’il était parti, j’avais reçu une gifle monumentale de la part de mon père qui m’avait faite voler à travers la pièce. Je n’avais pas bronché, me contentant d’appuyer le revers de ma main sur ma lèvre tuméfiée qui me lançait atrocement alors que j’avais affronté son regard.


    - Je ne l’épouserai pas !
    - Oh que si !
    - Oh que non !
    - Tu l’épouseras même si je dois t’attacher à l’autel !
    - Qu’il prenne une de mes sœurs !
    - Il te veut toi et il t’aura toi ! Maintenant vas te préparer car demain tu seras mariée que ça te plaise ou non et à cet homme ! Emmenez-la et surveillez sa porte !
    - Père ! Non ! Père ! Lâchez-moi !


    Morte avant de vivre… Une vie cassée dans son œuf avant qu’elle n’ait eu le temps d’éclore… C’était injuste ! Que sait-on de la vie à 17 ans ?! Rien ! Qu’a-t-on vu ? Connu ?! Absolument rien ! Hors moi je voulais tout ! Et je ne l’aurai jamais prisonnière du joug d’un époux…
    Mais autant parler à un mur… De deux gardes, j’aurais pu en faire mon affaire… Mais 6 m’escortèrent avant de m’enfermer dans ma chambre…
    Le lendemain, je me retrouvai mariée à Medar Alenaduis…

    Et aujourd’hui, l’histoire s’était répétée… Mes yeux perdus dans le vide, debout devant la psyché, je laissai les domestiques s’affairer autour de moi. J’aurais pu me rebeller, mais à quoi bon… J’étais déjà mariée à cet homme... Cette seconde cérémonie n’avait lieux que pour contenter son peuple et valider la précédente de leurs coutumes… Je croisai mon regard dans le reflet du miroir mais je ne m’y attardai que peu, ne supportant pas ma vision. Les larmes coulaient sans un mot, sans même que mon visage ne se déforme de peine, de tristesse, de haine face à ce mariage qui me volait ma vie avant même qu’elle ne commence…
    Mais mon image m’attirait malgré tout… Doucement, je relevai mes yeux et fixai mon propre regard, les yeux vides, le cœur meurtri. Un collier vint bientôt ceindre la délicatesse de mon cou, puis une brosse fut attrapée pour lentement glisser entre mes longs cheveux d’argent. Je restai ainsi, alors qu’on prenait soin de moi, qu’on me parait de toutes les merveilles possibles, à me regarder en silence, à contempler ces larmes qui coulaient sur mes joues, qui libéraient un peu mon âme brisée.
    Et je regardai mes pleurs abîmer mon maquillage, creusant de vilains sillons contre la poudre qui recouvrait ma peau. Ces larmes qui n’étaient que le résultat de ce que l’on voulait faire de moi…
    Le bruit de la brosse contre la coiffeuse me tira quelque peu de ms songes et j’enfilai la robe entièrement faite de dentelle noire que l’on me présenta. Elle était sublime… Légère, fluide, vaporeuse. Elle cintrait parfaitement ma taille et mes hanches, pour ensuite s’évaser en profusion jusqu'au sol, laissant une longue traine à sa suite. Les lacets furent serrés et ma poitrine fièrement mise en valeur dans ce corset, pur appel à la damnation… Mes cheveux furent relevés, tressés, décorés, puis on me mena jusqu’à la grande salle ou pour la seconde fois je du lui dire « oui »…

    La fête avait battu son plein jusqu’à très tard dans la nuit, dégénérant à mesure que l’alcool faisait son effet chez les un et chez les autres. Résultat, on ne différenciait plus très bien les domestiques des invités qui se mêlaient avec application… De tout le repas, je n’avais pas dit un mot. A vrai dire, je n’avais pas dit grand-chose depuis que j’avais rencontré Medar… J’entendais les gens parler autour de moi. De mon physique pour les hommes, de la chance que j’avais d’avoir été choisie par le maître des lieux pour les femmes… Qu’elles le prennent si elles le voulaient tant ! Qu’on me rende ma liberté !
    Au bout de quelques minutes, la main de mon mari se tendit devant moi. Tournant mes yeux de braise vers lui, je savais la signification de cette invitation. Nous retirer dans nos appartements où il allait exiger d’exercer ses droits d’époux. J’ignorai superbement cette main qu’il m’offrit et me levai seule, refusant de le toucher, fière et hautaine, partant devant lui poursuivie par ma suivante.
    Une fois dans la chambre, je m’arrêtai automatiquement à l’endroit où un peu plus tôt on m’avait habillé. La scène se répétait. Mon cœur se serra lorsque j’entendis la porte s’ouvrir puis se refermer. Il était là… Et le bruit de ses pas me laissa deviner qu’il allait vers la terrasse. Boudeuse, malheureuse, je reportai mes prunelles vers le miroir, essuyant une larme rebelle de ma paume. La main compatissante de ma servante se posa sur mon épaule accompagnée d’un doux sourire mais elle ne me fut d’aucun réconfort…


    - Tout ira bien Madame… murmura-t-elle avec douceur et gentillesse.

    Je prenais mon courage à deux mains… Je me faisais violence pour ne pas éclater en sanglot et demeurer maîtresse de moi-même. Je ne voulais pas qu’il voit mes larmes. Ni mon cœur. Il ne le verrait jamais !
    Je tremblai à mesure que les doigts habiles de la servante retiraient les accessoires. Les boucles d’oreille me furent enlevées, puis le collier quitta mon cou en une triste caresse pour aller retrouver sa place dans son écrin de velours. Mes cheveux tombèrent en cascade le long de mon dos, chevelure qu’elle écarta afin de pouvoir me délacer... Ma robe tomba à mes pieds en un bruissement de tissu fabuleux, dévoilant ma nudité dans toute da beauté. J’étais tellement perdue dans mon malheur que je n’eus même pas le reflexe de me couvrir de mes bras… J’enfilai simplement ma robe de nuit dont la soie fine vint couvrir ma peau, puis ma domestique retira le paravent et après une révérence, quitta la pièce, me laissant aux mains de mon mari…


    - Bonne nuit Seigneur Medar, l’entendis-je dire le plus respectueusement du monde avant de refermer la porte.

    Voilà… j’étais seule avec lui… Seule avec mon bourreau… Me retournant, je le vis s’avancer vers moi, quittant la fenêtre. Je ne bougeai pas. Ne reculai pas non plus. J’affrontai simplement ses yeux rubis de l’or des miens, n’ayant absolument pas conscience de la vision que je lui offrais ainsi vêtue… D’un seul regard il pouvait voir ce que je pensais de lui ! Il n’avait qu’à cueillir mes sentiments à même mon visage. Je le détestais. Je le haïssais pour ce de quoi il m’avait privée… Et il m’avait peut-être achetée, mais ce n’est pas moi qui m’étais vendue ! Alors qu’il ne s’attende pas à la moindre magnanimité de ma part !
    J’étais sa femme oui. Et Il avait tout les droits sur moi, j’en avais parfaitement conscience. J’étais peut-être jeune, mais pas stupide et encore moins naïve. Je savais ce qu’être mariée signifiait… C’était bien pour ça que j’avais toujours été contre l’idée d’épouser quelqu’un un jour !
    Cette nuit était appelée « nuit de noce » et je savais ce que ça signifiait. Mon regard se posa sur le lit, puis revint affronter Medar, brûlant, incandescent, lacérant. Je ne lui faciliterai pas la tache !


    - Je vous préviens que si vous compter me mettre dans ce lit ou tentez de me toucher, vos mains ne toucheront plus jamais rien !
    Medar
    Medar


    Messages : 30
    Date d'inscription : 28/07/2011

    [Flash back] Un mariage difficile... Empty Re: [Flash back] Un mariage difficile...

    Message par Medar Lun 1 Aoû - 3:54

    Il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir le profond déplaisir que prenait Svanhilde à la situation présente. Elle ne voulait pas d'un mariage, elle ne voulait pas quitter les siens, elle ne voulait pas vivre ce qu'elle vivait à la fois comme un déracinement et un emprisonnement. C'était un état d'esprit tout à fait compréhensible, bien qu'il soit totalement inapproprié à la situation présente, ce qu'elle ne pouvait nullement savoir. En effet, la plupart des nobles Drows de Zeshania ou d'ailleurs auraient profité d'elle, fut-ce par la force, pour l'abandonner ensuite dans un coin du lit, et n'auraient attendu d'elle que cela, un mince plaisir charnel, un héritier qu'elle porterait et un ornement de plus sur la scène politique. C'était là l'une des choses qu'il méprisait chez les Elfes Noirs, qu'il aimait pourtant bien par de nombreux autres aspects. Comment pouvaient-ils que ce serait encore viable longtemps, de faire ainsi de leurs femmes de simples mélanges entre des poules pondeuses et des décorations de cheminée ? C'était pure folie, surtout que ces dames étaient dotées du même caractère et de la même fourberie que leurs maris, et que tôt ou tard elles secoueraient leurs chaînes pour s'imposer elle aussi sur la scène politique... et domestique.

    Lui, toutefois, n'avait pas l'intention d'attendre ce genre d'événement pour considérer l'épouse qu'il s'était choisie... et avait dû acheter. Il pensait même faire évoluer les choses par lui-même, une fois ses ambitions avancées plus loin. Mais avant cela, il lui faudrait se rallier la belle et fière Svanhilde, en faire véritablement son alliée. Il l'avait étudiée, via son réseau d'espions puis en personne, avant d'aller demander sa main à son père. Une étude complète et en détail. Il avait découverte une femme au caractère riche et décidé, et au potentiel immense. Elle était encore jeune, mais il la façonnerait, lui apprendrait les secrets de l'épée, et surtout les méandres de la Magie, révélant la véritable mine de talents qu'elle était. Il avait toujours su juger des ressources que recelait une personne, surtout dans le domaine des arcanes, et il pouvait voir les trésors qui sommeillaient dans la jeune et belle Svanhilde. Il espérait qu'elle finisse par accepter de partager sa couche, car elle l'attirait indéniablement, mais il voulait avant tout faire d'elle une perle de la politique, du combat et de la magie, celle avec qui il se taillerait une part du lion dans ces sombres profondeurs.

    Les choses n'en étaient pas encore là, pourtant. Svanhilde était tendue, prête à se rompre, maintenue seulement par se fierté et son obstination, convaincue du pire pour la nuit à venir. Il avait pu le voir en entrant dans la chambre, il le percevait encore maintenant, bien qu'il lui tourne le dos. C'était pour cela qu'il lui laissait ce temps, cet semi-intimité avec sa servante, pour qu'elle se remette un peu, qu'elle rassemble ses forces. Il entendit le bruissement de sa robe, mais ne se retourna pas pour voir cette vision divine, ne voulant pas la froisser pour si peu. Il attendit donc, avec patience, que la domestique eut préparée sa maîtresse pour la nuit. Il avait toujours été patient, dans la plupart des cas tous du moins, et cela l'avait toujours bien servi.


    « Bonne nuit Seigneur Medar. »

    C'était la servante, qui lui signalait ainsi qu'elle avait fini son œuvre et allait se retirer, d'une voix soumise et respectueuse. Il avait acquis le respect dans cette citée pleine d'orgueil et de fierté, il l'avait acquis de haute lutte. Il était assez puissant, assez riche, pour vivre dans ce Palais, pour se permettre des serviteurs Drows, libres, au lieu d'esclaves. Pour acheter la main de cette superbe jeune femme qui l'affrontait du regard, maintenant qu'il s'était retourné vers elle. Il était terrible, son regard, et bien des grands n'avaient osé s'y plonger bien longtemps, fuyant sa force, son charisme, la puissance contenue dans ses profondeurs carmines. Mais elle, elle ne faiblit pas, elle ne détourna pas les yeux, elle le défia. Elle le défia avec ses yeux, avant d'articuler ce défit en mot, refusant de lui céder en dépit de la situation, en dépit de son pouvoir, en dépit de son charisme, en dépit de tout, fière et indomptable comme il avait voulu qu'elle le soit.

    « Je vous préviens que si vous compter me mettre dans ce lit ou tentez de me toucher, vos mains ne toucheront plus jamais rien ! »

    Un sourire vint étirer ses lèvres, fin comme une lame, mais pas aussi acéré, pour une fois. C'était un sourire presque doux, légèrement attendrit. Pourtant, il devait poser quelques données dès maintenant, qu'il n'y ait pas de quiproquos entre eux par la suite. Elle pourrait être son égale, mais elle ne l'était pas encore, et il ne serait certainement jamais dominé. D'un pas tranquille, il s'approcha d'elle, ne la quittant toujours pas des yeux, ne souhaitant pas se priver de la vue de cette délicieuse beauté, même si elle se refusait à lui, pour l'heure.

    « Tu te méprends sur mes intentions, ma belle. Je ne t'ais pas achetée pour faire de toi un simple jouet de mes plaisirs ou un ornement de mes fêtes. »

    Sa voix était douce, calme, posée. Mais aussi enivrante, envoûtante. Elle aurait charmée un esprit plus faible, mais il n'escomptait pas une telle chose, pas ici, pas avec elle, qui avait de si bonnes raisons de lui tenir tête, ou croyait les avoir, tout du moins.

    « Toutefois... »

    L'Elfe Noir leva la main, prononça un mot. Un simple mot. Ce n'était qu'un mot, et tellement plus à la fois. Il était porteur de pouvoir, de Magie. D'un sortilège de paralysie qui s'abattit sur Svanhilde, la privant, sans la moindre douleur, de toute liberté de mouvement. Il s'approcha encore d'elle, sa main venant caresser sa joue, une caresse qu'elle pu sentir, privée de sa liberté de geste mais nullement de ses perceptions sensitives.

    « Que les choses soient bien claires entre toi et moi. Si je ne te jette pas dans ce lit pour te violer, c'est par choix. Je pourrais le faire, mais je ne le fais pas. Je pourrais faire tout ce que je veux de toi, et tu ne pourrais absolument rien pour m'y empêcher. »

    Il était important de mettre cela au clair. Il la laissa ainsi encore quelques minutes, pour qu'elle puisse prendre la mesure de son impuissance, puis relâcha le sortilège en se détournant, se dirigeant vers une niche de pierre dans un des murs, qui luisait doucement dans la pénombre de la chambre où les lumières magiques étaient en sourdine. Il en sortit une bouteille et deux verres.

    « Boiras-tu avec moi ? Nous n'avons pas à être ennemis, Svanhilde, je ne le veux pas. Je t'ais choisie, toi entre toutes les candidates possibles pour être ma femme, parce que tu as un caractère d'acier, une fierté plus dure encore et un potentiel que tu ne soupçonne même pas. Je t'offre la possibilité de t'impliquer dans tous mes complots, toutes mes machinations, d'avoir une part égale de tout ce que je conquérerais... et je compte bien conquérir beaucoup. »

    Tout cela était un peu trop brusque, sans doute, mais il voulait lui donner le temps de réfléchir à tout cela. S’asseyant sur le lit, il posa son chargement sur la table de chevet, déboucha la bouteille avec agilité et remplit les deux verres avec des mouvements souples et fluides, d'un liquide ambré aux nuances sombres, un alcool de première qualité, avant de reporter son regard sur sa femme.

    « Réfléchit à cela. Pour ce qui est du lit, ne t'en fais pas, il est largement assez grand pour deux, tu dormiras d'un côté et moi de l'autre, à moins que tu ne changes un jour d'avis et souhaite une union plus intime. Mais si tu n'en veux pas, je ne t'y forcerais pas. »

    D'un mouvement de la tête, il l'invita à venir prendre place près de lui pour boire ce verre en sa compagnie, souriant toujours doucement. Il lui en avait dit assez, restait à voir comment elle réagirait à tout cela, des réactions qui lui apprendrait ce qu'il avait encore à apprendre sur elle pour le moment et le rapprocherait un peu plus de son but.
    Svanhilde Luaruneclavra
    Svanhilde Luaruneclavra


    Messages : 13
    Date d'inscription : 03/06/2011

    [Flash back] Un mariage difficile... Empty Re: [Flash back] Un mariage difficile...

    Message par Svanhilde Luaruneclavra Lun 8 Aoû - 3:03

    Je darde sur lui mon regard décidé. Je pense chaque mot de ce que je lui dis et la fureur en moi est palpable dans toute la pièce. Comme si elle m’enveloppait d’une aura brûlante et incandescente. Elle brûle. Transpire et luit de tout son éclat à travers chaque pore de ma peau.
    Ce sourire qu’il s’autorise me donne des envies de meurtre. S’il croit que je plaisante il se trompe lourdement ! Je suis peut-être jeune, mais qu’il se méfie car je suis bien plus vive et dégourdie que la plupart des drow de mon peuple ! Ce qui avait le don de rendre mon paternel fier, mais qui m’a probablement aussi valu de me retrouver ici…
    Avec lui ! Il est plus vieux que moi mais qu’il se détrompe très vite si il pense que je le laisserai en profiter ! Je me battrai toujours ! Et de façon acharnée ! Le jour où je serai sous la coupe de quelqu’un n’est pas venu ! Je n’ai qu’une envie, lui faire ravaler ce rictus jusqu’à la glotte et qu’il s’étouffe avec !

    Je le regarde s’approcher de moi sans ciller. Je ne recule pas et ne baisse pas non plus mon regard défiant. Je me campe sur mes pieds nus et affronte ses yeux rubis de l’or des miens, le brûlant des flammes qui y dansent avec frénésie. Il ne me fait pas peur et je pense qu’il l’a deviné…


    - Tu te méprends sur mes intentions, ma belle.

    La lueur dans mes prunelles se fait plus cinglante. Plus acérée. Plus tranchante. Je ne suis pas SA belle ! Je ne suis pas à lui !!!!!!!!!
    Chacun des mots qu’il prononce fait bouillonner un peu plus mon sang déjà habituellement chaud… Je serre mes poings et crispe ma mâchoire pour accuser sa phrase tandis qu’il poursuit et que je fulmine, mon cœur cognant de révolte dans ma poitrine.


    - Je ne t'ai pas achetée pour faire de toi un simple jouet de mes plaisirs ou un ornement de mes fêtes.

    Ce mot, « acheter », malgré le ton doux et calme de sa voix, même si il est vrai m’emplie d’un fulgurant sentiment de méprit. Mes yeux se plissent et mes lèvres se pincent tandis que mon palpitant s’emporte et tonne en moi. Je ne suis pas un objet ! On n’achète les choses ! Non les êtres !
    Pourtant c’est bel et bien ce qui m’est arrivée… J’ai été achetée… Vendue… Troquée contre des richesses, des terres, des promesses. En prime il est censé gagné une poule pondeuse pour ses héritiers en ma personne ce n’est pas fabuleux ?
    Espèce de… !


    - Toutefois...

    J’esquisse un mouvement d’attaque et non de défense prête à réagir en voyant sa main se lever, mais prends sur moi pour ne rien en faire, continuant de me répéter qu’il ne m’intimide pas. Il prononce un mot qui m’est inconnu et je fronce les sourcils sous l’incompréhension et la méfiance. Qu’est-ce qu’il invente encore !?
    Il marche. Vient encore vers moi. Mon regard s’assombrit. Tel le ciel qui noircit avant la tempête. Il ne le quitte toujours pas, se relevant toujours un peu plus à mesure qu’il se rapproche afin de ne pas se détacher de lui. Ses pas raisonnent sur le sol dallé en un bruit sinistre à mes oreilles. Mon épiderme se révulse jusqu’à m’en donner des frissons dans tout le corps tant sa proximité m’insupporte. Têtue, butée, je ne demeure de marbre et l’observe. Aussi froide et hors d’atteinte qu’un vent polaire. Altière, superbe, inaccessible. Jamais il ne m’aura et tout mon être s’efforce de le lui faire comprendre sans que mes lèvres n’aient à prononcer quoique ce soit. Je me refuse à les souiller d’avantage en lui adressant la parole !
    Mais lorsque je vois sa main se porter vers moi, d’instinct mon cœur manque un battement et je lève la mienne pour le gifler de toutes mes forces ! Du moins… c’est ce qui se serait passée si j’avais pu lever ma main…
    Qu’est-ce qui se passe !?
    L’espace d’un instant, livide, je reste interdite alors que sa paume chaude vient encadrer ma joue. Je veux me dérober à elle mais je ne le peux pas ! Je n’y arrive pas !!!!!!!!!! J’ai beau essayer de me mouvoir c’est impossible !!
    Mon esprit vif fait très vite la lumière sur la situation et en à peine une seconde, le sang afflue à nouveau et j’entre alors dans un état de rage incommensurable. Je deviens plus que colère. Furie. Rébellion et sauvagerie. Je ne peux rien faire pour le lui montrer mais mon visage est un livre ouvert sur les pages de mes émotions qui lui sont destinées. Je l’assassine de l’or de mes yeux, tous mes muscles tendus à souhait tandis que je me bats avec moi-même pour pouvoir bouger ! Je tremble de colère ! J’enrage ! J’ai envie de hurler et de le tuer pour ce qu’il se permet de me faire ! Je me sens impuissante, marionnette sous son joug, forcée d’endurer son contact sans pouvoir rien y faire et j’ai horreur de ça ! L’impuissance est une chose qui m’a toujours effrayée. Qu’il s’en serve contre moi pour me montrer sa supériorité, je ne le lui pardonnerai jamais !
    Les larmes de révolte me montent aux yeux et je me mords l’intérieur de la joue jusqu’au sang ! Je ne veux pas crier. Ce serait lui faire bien trop d’honneur ! Je sens mon sang cogner dans mes veines jusqu’à raisonner dans mes tempes. Une bouffée de chaleur s’empare de moi telle une mauvaise fièvre et mon cœur, je le jurerais, est prêt à sortir de ma poitrine tant il cogne en mon sein ! Je voudrais lui arracher cette main qu’il ose poser sur moi en me l’imposant par sa magie ! Lui sauter à la gorge et le marteler de coups jusqu’à ce que je n’en puisse plus moi-même ! JE LE HAIS !!!!!
    Je…! Je le hais…


    * Pas de larmes Svan ! Pas de larmes !!! *

    Sa main me brûle. Mon corps frisonne de partout et se révolte contre sa présence si près de moi. Du moins c’est ce que mon esprit traduit… J’apprendrai bien plus tard que la sensation était en fait d’une toute autre nature…

    - Que les choses soient bien claires entre toi et moi. Je l’affronte toujours malgré ma respiration bruite et mes yeux voilés. Si je ne te jette pas dans ce lit pour te violer, c'est par choix. Je pourrais le faire, mais je ne le fais pas. Je pourrais faire tout ce que je veux de toi, et tu ne pourrais absolument rien pour m'y empêcher.

    Espèce de salopard narcissique et vantard !!!!!!!!!! Qu’il essaie pour voir !!!!!!!
    Orgueilleuse ? Oui. Mais avant tout battante. Toujours. Celui qui me fera m’avouer vaincu n’est pas encore né ! Et lui sera le dernier à me voir à genoux réduite à la reddition ! Je me tuerai plutôt que de l’accepter !

    Il n’est qu’à quelques centimètres de moi. Si près que je peux sentir sa chaleur se communiquer à mon corps et son odeur nous envelopper. Mes yeux ne l’ont toujours pas lâché. Ils persistent dans l’affrontement, refusant de perdre face à lui. Ils sont fougueux. Fiers. Sauvages. Indomptables. Pleins de vie… Ils brillent. Flamboient de tout leur éclat, portés par la flamme de la jeunesse qu’est la mienne.

    Enfin il me relâche et se détourne. Libérée, je titube tellement mon être tout entier avait été en tension et manque de m’écrouler. Mais ce serait mal me connaître. Aussi agile et souple qu’une chatte, je retrouve très vite mon équilibre et haineuse, le suis de mes prunelles larmoyantes jusqu’à son bar improvisé. Je serre mes poings à m’en faire saigner les paumes.
    J’aurais voulu la lui donner cette gifle dont il s’est épargné, mais que je perde contenance lui ferait bien trop plaisir ! Pourtant l’envie de lui sauter à la gorge et de lui lacérer le visage est on ne peut plus présente à mon esprit…


    - Boiras-tu avec moi ?

    Pas un mot… Juste un muet coup de poignard lancé par mes iris braquées sur lui.

    - Nous n'avons pas à être ennemis, Svanhilde, je ne le veux pas.
    - Si vous croyez que ce que vous voulez m’intéresse !
    - Je t'ais choisie, toi entre toutes les candidates possibles pour être ma femme, parce que tu as un caractère d'acier, une fierté plus dure encore et un potentiel que tu ne soupçonnes même pas.

    - Oh et je devrais en être flattée ?!
    singeai-je une voix mielleuse en portant cyniquement mes mains à mon cœur.
    - Je t'offre la possibilité de t'impliquer dans tous mes complots, toutes mes machinations, d'avoir une part égale de tout ce que je conquiérerais... et je compte bien conquérir beaucoup.

    Toujours sur mes gardes et ne croyant pas un mot de ce qu’il me raconte pour m’amadouer - on a jamais vu un drow s’en remettre à sa femme en politique… - je le regarde s’asseoir sur la couche et déboucher la bouteille. Moi en revanche, je me refuse à bouger et à m’approcher de ce lit !

    - Réfléchis à cela. Pour ce qui est du lit, ne t'en fais pas, il est largement assez grand pour deux, tu dormiras d'un côté et moi de l'autre, à moins que tu ne changes un jour d'avis et souhaite une union plus intime. Un rire plein de sarcasme m’échappe signifiant bien ce qu’il voulait dire ; jamais. Mais si tu n'en veux pas, je ne t'y forcerais pas.

    J’ai tout d’abord bien envie de lui renvoyer son invitation à le rejoindre à la figure, mais une autre idée me vient dans mon esprit perfide de femme drow… Je dissimule mon sourire victorieux derrière un masque d’impassibilité et finalement, contourne l’imposant baldaquin pour venir me placer face à celui qui sera d’aurénavant mon mari…
    Il me sourit. Une étrange sensation m’emplie alors que son regard caresse mon visage. Sensation que je repousse car sans savoir pourquoi, elle m’effraie…
    D’un geste sec, je prends donc le verre qu’il me tend puis le porte à mes lèvres pulpeuses. Mais au dernier moment, je bloque mon mouvement et lui en jette tout le contenu au visage.


    - Etouffez-vous avec ! lui hurlai-je d’une voix plus tremblante que je ne l’aurai voulue.

    Me retournant, je lance le verre qui va se fracasser en mille éclats de cristal contre le sol... Quelque secondes je reste à le regarder, puis tourne les talons et renversant ce qu’il y avait sur la niche de pierre au passage, court vers la porte que je trouve fermée. Je tire dessus, m’acharne, tord et retord la poignée, mais rien à faire. Elle ne cède pas… Dans un excès de rage, je tape dessus puis m’y adosse rencontrant le regard de Medar.
    Les larmes montent. Je me sens prisonnière dans un endroit dont je ne connais rien ni personne, impuissante, trahie par les miens, abandonnée et en proie à un homme que je hais loin de tous ceux que j’aime et qui m’ont livrées à lui…


    - Pourquoi est-ce que vous m’avez épousée ! Je ne veux pas de vous ! Je n’en voudrai jamais ! Je veux ma liberté ! Vous m’avez volé ma vie ! Laissez-moi partir ! Je veux rentrer chez moi !!!!!!!!!!!

    La peur de l’inconnu - même si je ne l’avouerai jamais -, la nouveauté, les émotions, la fatigue, toutes ces choses accumulées en si peu de temps me fond crouler sous leur poids insoutenable. C’est trop lourd… Même pour moi… Dans un sanglot incontrôlé et déchirant, douloureux pour mon âme et mon cœur déjà partiellement en sang depuis que j’ai été obligée de lui dire « oui », je m’enveloppe de mes bras, bien maigre protection face au reste du monde et m’écroule sur sol glacé…
    Pourquoi moi… Pourquoi !
    Une bonne épouse se serait tue. Aurait enduré en ne disant rien. Pas moi. J’étais le feu de dieu et lorsque j’avais une chose à dire, je le disais. Que ça lui plaise ou non, il devrait s’y habituer car je ne l’épargnerai pas…
    Je sens une immense détresse m’envahir… Je craque. A bout. Epuisée. J’essaie de retenir bravement mes pleurs face à cette situation qui est en train de se refermer sur moi… Qui S’EST refermée sur moi… Mais je n’y arrive plus… L’étau s’est fermé. Les cercles se sont amenuis et la porte de la cage dorée a claquée face à moi… J’ai refusé ce mariage. Mais à présent que je suis ici, chez lui, dans sa chambre, devant son lit, je suis bien forcée d’admettre le fait qu’il a bel et bien eu lieu… Que je suis enchaînée à cet homme si imposant pour le restant de mes jours, privée de la joie de connaître un jour tout ce que je n’ai pas encore eu le temps de découvrir… A commencer par le bonheur…

    Pourquoi m’avoir fait ça ? Pourquoi moi ? Je n’ai que 17 ans… Je n’ai rien vécu ! Rien vu ! Rien fait ! Pourquoi moi ! Pourquoi ! Une grimace de douleur brise la fragilité de mon visage. Je ne supporte plus les battements de mon cœur, je ne supporte plus cette sensation horrible et me replie un peu plus sur moi-même le regard troublé de ces petites perles d’eau saline qui ne cesse de couler et de glacer mes joues. Je me sens perdue entre plusieurs sentiments… Inquiétude, interrogation, haine, révolte…peur… Ma tête tourne. J’entrevois divers scénarios possibles quant à la suite des évènements et tous me donne envie de hurler.


    - Je vous déteste !!!!! JE VOUS DETESTE !!!!!!

    Malgré tout, malgré mon état, malgré ma douleur, malgré mes pleurs que je refuse de ressentir, je ne veux pas m’avouer perdante face à tout ça... Face à lui.
    Alors, d’un geste plein de rancœur et surtout de fierté, je me redresse fébrilement sur mes genoux et renverse la tablette près de moi sur laquelle reposait un vase empli de fleurs étranges qui à son tour va se briser au sol, répandant ses bouts de verre et me coupant légèrement la pommette à d’un éclat volant. Le sang perle mais je ne sens rien. La douleur de mon organe de vie en cet instant est bien plus importante que celle du corps…

    Je voulus relever vers lui des yeux emplis de rage, de dégoût, de méprit, mais derrière mes larmes, derrière ce rideau d’eau cristalline qui nimbe l’or de mes yeux, il n’y avait que le reflet du cœur d’une jeune fille a qui l’on venait de retirer tous ses rêves, brisé, déchiré...
    Medar
    Medar


    Messages : 30
    Date d'inscription : 28/07/2011

    [Flash back] Un mariage difficile... Empty Re: [Flash back] Un mariage difficile...

    Message par Medar Dim 14 Aoû - 17:42

    Il y avait tant de fierté en elle, et tant de rage. Le feu d'une colère brûlante de dévastatrice, une flamme haute et claire qui transperçait la noirceur qu'elle avait placée autour d'elle, et non sans bonnes raisons en vérité, même si cela ne les empêchait pas d'être erroné. Un instant, il s'amusa à imaginer ce qui aurait pu se passer, s'il ne l'avait pas épousée. S'il n'avait pas choisi de la prendre pour femme, elle entre toutes les candidates possibles, dont l'immense majorité aurait été très heureuse de l'avoir pour mari, en vérité. S'il ne l'avait pas choisie elle, un autre aurait sans doute pris sa place assez rapidement, tant elle était belle et de haute naissance, susceptible de donner bien du plaisir à son époux, ainsi que de beaux enfants... sans oublier l'alliance que représentait cette union. Et alors elle aurait été livrée aux mains d'un quelconque noble arrogant et probablement assez puissant, vu ce que demandait son père en échange de la main de sa fille... qui aurait tout aussi probablement bien souffert. Elle avait déjà une bonne capacité de nuisance latente, et s'il savait encore juger des gens – ce qui était indubitablement le cas – elle deviendrait bien plus dangereuse dans les années à venir, quand elle commencerait à véritablement exploiter son potentiel.

    Pour l'heure, elle était encore jeune, et pétrie de certitudes. Elle croyait sa vie finie avant d'avoir commencé, et elle ne se laisserait pas détromper aussi facilement. Mais elle avait aussi pour elle la fouge et l'énergie de la jeunesse, un dynamisme qu'il comptait bien entretenir, lui faire conserver avec les années. Elle était forte aussi, plus forte même qu'elle le croyait, elle avait en elle des trésors qu'elle ne soupçonnait pas. Elle n'allait pas chercher assez profond, pas encore. Elle ne creusait pas assez loin, elle n'allait pas puiser assez profond. Elle le pourrait, un jour, il y veillerait. Il éveillerait un à un tous les pouvoirs qui sommeillaient en elle, il polirait sa puissance comme l'artisan polit le joyaux, il la sublimerait comme il sublimait jadis les métaux des plus lointaines profondeurs, bien plus longtemps au part avant, des dizaines de milliers d'années plus tôt, quand ses cheveux étaient rouges et sa peau plus claire, et qu'il portait en partie un autre nom. Il ferait d'elle ce qu'elle n'aurait eut qu'une chance infime de devenir s'il ne l'avait pas vue et choisie, s'il n'avait pas décidé d'infléchir son destin comme il l'avait fait de tant d'autres destins au fil des ans. Avec son aide, elle deviendrait une reine, une impératrice, une magicienne capable de rivaliser avec toutes les puissances terrestres et de défier les Dieux sans baisser le regard.

    Mais avant cela, il fallait dissiper ces ténèbres, briser cette carapace dont qu'elle avait en fait transformée en sa propre prison sans le savoir. Lui montrer et lui faire admettre qu'elle n'était pas prisonnière mais bel et bien enfin libre. Elle pourrait avoir tout ce qu'elle voudrait, si elle se donnait la peine de l'acquérir. Il ne lui proposait pas une cage dorée où tout serait à sa portée sans effort, il lui donnait une chance de vivre pleinement, librement, comme jamais elle n'aurait pu vivre sous la coupe d'un mari dominateur ou même dans la maison de son père. Seulement, elle était aussi têtue que décider, et elle avait érigé son sort en tragédie suprême, avec le romantique et le sens tragique de l'exagération personnel qui était propre à la jeunesse. Elle montait en épingle ce qui lui était arrivé et refusait de voir qu'elle se trompait. Il faudrait donc lui mettre la réalité devant les yeux et la forcer à les ouvrir, d'une façon ou d'une autre. Toutefois, il avait aussi choisi de lui montrer que s'il faisait ce choix, ce n'était pas simplement parce qu'il ne pouvait faire autrement. C'était un choix, et nullement une obligation. Elle pourrait devenir son égale avec le temps, mais elle ne l'était pas encore, et elle ne lui serait certainement jamais supérieure.

    C'était pour cela qu'il lui avait fait une petite démonstration de sa magie, pour cela et pour le plaisir de caresser sa peau douce et soyeuse, un plaisir qu'il ne pourrait sans doute pas se permettre souvent dans les mois voir les années à venir. Même quand elle était paralysée, réduite à l'impuissance, il pouvait voir sa rage, sa colère, sa rébellion sauvage et farouche. Mais aussi les larmes de haine et de détresse qu'elle retenait, et les efforts qu'elle faisait pour cela. Elle était facile à lire en cet instant, et lui un maître en la matière, avec toutes ces années passées. C'était bien dommage de faire naître tout cela en elle, mais les choses se devaient d'être mises au point, et au fond peut-être était-il plus sain de laisser tout cela se déchaîner maintenant que plus tard. Quoi qu'il en soit, il fini par la relâcher, lui rendre sa liberté de mouvement malgré son regard assassin, et aller se servir un verre. Après quoi il commença à lui exposer la situation, bien qu'il la sente pour le moins non-réceptive.


    « Si vous croyez que ce que vous voulez m’intéresse ! »

    Oui, décidément et totalement non-réceptive. Pourtant elle avait tord, et il lui faudrait le voir, tôt ou tard, à un moment où à un autre. Il ne voulait pas être son ennemi, il n'était littéralement pas son ennemi. Il était son unique allié en ces lieux, son unique allié où que ce soit, maintenant.

    « Oh et je devrais en être flattée ?! »

    Elle aurait dû, en effet, tout comme elle aurait dû le croire, ce qu'elle ne faisait probablement pas. Ils étaient des Drows, après tout, ne fut-ce qu'en apparence, et les Elfes Noirs ne se faisaient pas confiance aussi facilement. Il lui prouverait la vérité de ses paroles, et la chance qui lui était offerte, il lui prouverait tout cela au fil des jours qui allaient venir, des semaines, des mois, des années s'il le fallait. Il avait tout son temps, comme toujours, ce qui était un de ses grands atouts. En attendant, la belle venait vers lui, s'offrant, sans doute sans vouloir cela, à son regard carmin. Elle était belle, vraiment belle, elle avait bien des raisons de se méfier Et lui aussi se méfiait en la voyant ainsi s'approcher de lui pour accepter visiblement de boire avec lui, ce qui ne collait pas vraiment. Il avait lui aussi raison, d'ailleurs, même s'il ne se méfia pas assez précisément, et qu'elle réussi donc à lui envoyer le contenu du verre qu'il lui tendait à la figure en un geste aussi brusque que rageur.

    « Étouffez-vous avec ! »

    Avec un soupir, il se nettoya et se sécha en un seul sort murmuré en quelques mots. Il aurait dû le voir venir mieux que cela, c'était tout de même des plus évident ! Un léger sourire succéda à son soupir, avec le même but d'auto-dérision tant il était stupide de sa part de ne pas s'être méfié assez précisément et de ne pas avoir réagit assez vite, alors qu'il aurait pourtant dû. Mais son sourire mourut bien vite quand il se rendit compte avec retard des tremblements et de l'émotion dans la voix de celle qui était à présent sa femme, en entendant le bruit du cristal se brisant contre la pierre. Il releva le regard pour la voir se diriger vers la niche qui lui servait de bar et précipiter au sol toutes les bouteilles d'alcool de qualité, dont certains étaient rares ou précieux, causant un nouveau fracas de verre pulvérisé, mais bien plus grand. Une légère grimace passa sur son visage, qu'il fit ensuite redevenir impassible. Ça y était, elle avait craqué. Le masque de fierté se fissurait, éclatait, révélant la douleur, la rage, la peur, toutes les émotions contradictoires horriblement entremêlées pour formée de douloureux nœuds de souffrance profonde qu'il faudrait dénouer, pour elle, pour son bonheur mais aussi tout bonnement son efficacité.

    Mais le nœud était encore bien loin d'être défait, en vérité, et les émotions de Svanhilde se déchaînaient, à présent que la vanne s'était ouverte. La jeune femme se précipita vers la porte, qui bien entendu était close. C'était leur nuit de noce, après tout, et les traditions voulaient que le couple reste enfermé jusqu'à la fin de celle-ci. Et il avait besoin de toutes ces traditions, il en avait besoin pour asseoir son pouvoir sur cette ville, puis bien plus loin encore. Il ne pouvait se permettre de stupides commérages basés sur du vent, pas en plus de tous ceux qui courraient déjà. La jeune femme s'acharna sur la malheureuse porte, sans le moindre effet. Encore l'aurait-elle attaquée à l'épée ou à la hache qu'elle ne serait pas arrivé à faire mieux. Le battant était bardé de sorts protecteurs déjà en temps normal, pour sa sécurité, et pour l'occasion le Grand Prêtre lui-même était venu y apposer un sceau au nom du Dieu. Il aurait peut-être pu le briser, avec les trésors de savoir et de pouvoir qu'il possédait, mais la belle Drow n'avait pas une chance d'y arriver. Plus tard, sans doute, quand il l'aurait formé et aurait sublimé son potentiel. Oui, dans bien des années elle en serait probablement capable, mais pour l'instant elle était trop jeune, et elle n'avait pas encore les pouvoirs nécessaire pour cela. Elle ne pu donner que quelques coups vains et rageurs contre le bois.

    Finalement, comme vidé momentanément de sa rage, elle se laissa aller contre la porte close et releva son regard vers lui, qui ne l'avait pas quitté des yeux durant tout ce temps. Elle était au bord des larmes malgré sa lutte pour la fierté, pour ne pas céder. Elle était jeune et perdue bien loin de tout ceux qu'elle avait jamais connu. Et elle avait visiblement atteint sa limite, pour l'heure.


    « Pourquoi est-ce que vous m’avez épousée ! Je ne veux pas de vous ! Je n’en voudrai jamais ! Je veux ma liberté ! Vous m’avez volé ma vie ! Laissez-moi partir ! Je veux rentrer chez moi !!!!!!!!!!! »

    Les larmes coulaient, maintenant, elles avaient brisées le barrage qu'elle leur imposait. Pourtant Medar n'intervint pas, il la laissa pleurer, crier sa haine et sa douleur, il la laissa s'entourer de ses bras pour sangloter. Il fallait la laisser évacuer tout cela, au moins un peu, la laisser crever l’abcès et se vider autant que possible. Les mortels avaient besoin de cela, de temps à autre, y compris les Elfes Noirs, même s'ils tentaient généralement de repousser ce genre de choses aussi loin que possible, derrière un mur d'arrogance et de morgue. Elle y compris, elle plus que les autres mêmes. Elle était femme dans une société qui ne faisait pas de cadeau aux femmes, elle avait fait un bouclier et une épée de sa fierté, mais en cette heure elle avait besoin de la laisser de côté. Il la laissa donc plonger au plus profond de sa douleur et de sa détresse, jusqu'à laisser exploser tout cela dans un cri venu du fond de son cœur torturé.

    « Je vous déteste !!!!! JE VOUS DÉTESTE !!!!!! »

    Et sur cet hurlement violent, elle se redressa sur ses genoux pour précipiter à terre un vase tout proche, déclenchant une nouvelle pluie d'éclats. Cette fois, l'un d'entre eux vint lui entailler la joue, alors qu'elle fixait sur lui un regard d'or toujours douloureusement magnifique, mais dans lequel plus rien ne masquait la douleur toujours présente, comme impossible à soulager, une détresse qu'il lui faudrait apaiser peu à peu. Il reposa délicatement son verre et se leva, s'approchant d'elle d'un pas doux et souple, son regard posé sur elle avec une sorte de tendresse.

    « Tu me détestes, soi. Tu as tord, mais c'est ton droit. Est-ce que ça t'as fait du bien de me le dire, ou de me balancer ça au visage et de casser quelques objets qui ont, au passage, bien moins de valeur que toi ? »

    Sa voix était calme, douce, apaisante. La voix d'un orateur-né qui avait pu développer ses dons au fil de longues, bien longes années, bien plus longue que la belle jeune femme ne pouvait le rêver, et qui en cet instant faisait ressortir toute sa sincérité.

    « En tous cas, laisse moi te dire que non, je ne t'ais rien volé du tout. Que se serait-il passé si je ne t'avais pas épousé, à ton avis ? Tu aurais fini dans quelques mois entre les griffes d'un noble riche et puissant qui t'aurais droguée ou aurait demandé à ses mages de te rendre impuissante à chaque fois qu'il aurait voulu te violer, qui aurait abusé de toi encore et encore, car il est vrai que tu es on ne peu plus désirable, et puis qui, une fois qu'il t'aurait engrossée une ou deux fois histoire d'avoir une petite bande d'héritiers, t'aurait trouvée parfaitement inutile. Alors il t'aurait mise dans une jolie chambre avec des gardes autour, et t'aurait peut-être accordé une promenade à cheval par semaine, plus une soirée de temps en temps, alors qu'il se serait contenté avec une cohorte de maîtresse. Il t'aurait fait peu à peu devenir comme la foule d'inutiles que tu as vu ce soir, et quand l'alliance avec ton père n'aurait plus dépendu de toi il t'aurait simplement faite tuée. »


    Le Spectre, dans son corps de Drow, n'avait pas quitté une seule seconde le regard de la belle, plongeant le sien dans ses étendues d'or. Il faisait passé sa vérité, et d’inéluctabilité de la chose, quoiqu'avec douceur et même une pointe de réconfort.

    « C'est comme ça que ça se serait passé, et pas autrement. Tu deviens femme, belle Svanhilde, et tu attiserais le désir de n'importe quel homme. Mais je n’ai personnellement aucun besoin d'héritier, et j'ai appris à résisté aux pulsions de mon corps avec les années. Tu es belle, oui, et ta beauté est une arme que tu peux utiliser comme un agrément pour les yeux, mais je ne vais pas profiter de toi. Je t'ais déjà montré mon pouvoir, j'en ais bien d'autres encore. Je pourrais te violer, là, maintenant. Alors écoute-moi et entend-moi quand je te dis que ce ne sera pas le cas. Je ne te ferais aucun mal, d'accord ? Tu avais bien des raisons de craintes mais elles sont infondées. Je ne te met pas dans une nouvelle cage, je te donne la possibilité de construire une nouvelle vie, ta vie, à toi, avec l'argent, le pouvoir et la liberté. Avec tout ce que tu pourrais souhaiter si tu te donne la peine de le conquérir. Y compris être libre, vraiment libre. »

    Arrivé devant elle, il s'accroupit pour se retrouver à son niveau, son beau visage calme et amicale dans la douce lumière magique des lampes. Il n'avait rien de mauvais en cet instant, et les mystères de ses iris pourpres étaient voilés par de douces ombres.

    « Car tu crois que tu étais libre, chez ton père ? Ne te leurre pas, il ne t'aimait pas. Les Drows ont du mal à aimer quelque chose plus que le pouvoir. Il voulait juste t'échanger contre le plus de richesses possibles, et en attendant il a écarté un peu les barreaux de ta cage pour te laisser t'épanouir. Mais tu n'étais pas libre. Je te l'offre, cette liberté. Cette porte va s'ouvrir après la durée prescrite par le Prêtre du Dieu, et tu pourras faire ce que tu voudras de tes journées. Tu reviendras juste ici pour la plupart des nuits, comme moi, et nous ne toucherons pas si tu ne le veux pas. C'est un choix que je te laisse. J'aimerais que tu utilises cette liberté pour m'aider, pour conquérir avec moi cette ville, et toutes les autres villes après, y compris celle qui était la tienne, pour montrer aux tiens ce dont tu étais capable. Je t'ais épousée parce que je crois en toi, Svanhilde, parce que je suis convaincu que tu peux faire de grandes, d'immenses choses. Je voudrais te montrer, t'aider à développer tout ce que je vois au fond de toi rien qu'en plongeant dans tes si beaux yeux. C'est ici chez toi, maintenant. Il faut que tu te fasses à cette idée, et j'aimerais que nous en tirions le meilleur, tous les deux, toi et moi. »

    Avec douceur, il tendit la main vers elle et, sans la toucher, soigna sa blessure de quelques mots, faisant courir une caresse chaude sur sa joue alors que la plaie disparaissait, laissant intact sa belle et douce peau sombre. Il se releva ensuite, la main toujours tendue, une offre. Il n'était pas sûr qu'elle accepte, mais l'espérait tout de même.

    « Allez, viens, dormons. Chacun de notre côté, ne t'en fais pas. Tu as besoin de dormir, de refaire tes forces et de réfléchir calmement à tout ça. Tu es intelligente, Svanhilde, met tes émotions de côté et pense-y au calme. »

    Un doux sourire s'afficha sur ses lèvres, alors qu'il se demandait si elle allait le faire... ou rugir comme une tigresse. En tous les cas, il lui faisait confiance pour être finalement capable de voir son intérêt. Elle aurait liberté et pouvoir, et plus elle aurait sa confiance plus elle pourrait fuir ou le trahir pour lui prendre ce qu'il avait. Bien sûr, il ne souhaitait ni l'un ni l'autre, mais il pariait sur le fait qu'une fois impliquée dans tout cela elle n'en aurait plus aucune envie...
    Svanhilde Luaruneclavra
    Svanhilde Luaruneclavra


    Messages : 13
    Date d'inscription : 03/06/2011

    [Flash back] Un mariage difficile... Empty Re: [Flash back] Un mariage difficile...

    Message par Svanhilde Luaruneclavra Jeu 1 Sep - 2:09

    Tout mon corps. Tremble. Pourquoi moi ? Pourquoi ici ? Pourquoi maintenant ?! Il ne pouvait pas se trouver une autre épouse ? Quelqu’un aurait voulu de lui ? Combien dans la soirée m’ont seriné de leurs mots inintéressants en me disant combien j’étais chanceuse d’avoir été choisie par leur Seigneur !? Des dizaines ! Sans compter bien sûr les regards appuyés et plus qu’équivoque sur sa personne que j’ai surprit aussi bien chez moi lors de la première cérémonie qu’ici dans son palais… Si elles le veulent toutes tellement qu’elles le prennent ! Qu’il me rende ma liberté !
    Et si vraiment ça l’amuse de m’épouser il pourra toujours revenir me chercher dans quelques centaines d’années ou millénaires quand j’aurais vécu ma vie et déciderai de me ranger à mon destin de princesse drow… Pourquoi m’y a-t-il arraché avant même que je ne puisse y goûter ?! POURQUOI !?

    Je donne un coup de poing rageur et sec au sol parmi les bouts de verre et m’entaille la main sans grimace pour autant. Je contiens ma douleur aussi facilement que j’ai laissé éclater ma colère contre mon nouveau mari.
    Je le fixe. Chacun de mes muscles bandé à souhait, chaque parcelle de mon corps tendue et prête à tout mouvement. Je fulmine. Enrage. Contre lui, contre mon père, contre le monde entier. Je ne le quitte pas des yeux. Mon regard doit ressembler à de la lave en fusion tant je bouillonne. Lui a le regard doux. Limpide. Mais mettez de l’eau sur une brûlure, elle ne vous fera souffrir que d’avantage…
    A tâtons alors qu’il s’approche, je prends dans ma main un gros morceau de verre et le dissimule entre mes doigts, juste au cas où…


    - Tu me détestes, soit. Tu as tord, mais c'est ton droit. Est-ce que ça t'as fait du bien de me le dire, ou de me balancer ça au visage et de casser quelques objets qui ont, au passage, bien moins de valeur que toi ?

    Je fronce les sourcils et acère un peu plus mon regard. Le feu brûle en mois. Il l’avive et le fait se consumer comme tout droit sorti de l’infernal… Des objets qui ont bien moins de valeur que moi… Qu’il me laisse rire ! S’il croit que je vais avaler ses belles-paroles ! Il oublie où j’ai vécu ! Là-bas les trésors ancestraux aussi bien sentimentalement que pécuniairement ont une valeur inestimable, bien supérieure à certaines personnes du royaume de mon père. Y comprit moi… Après tout pourquoi m’a-t-il échangé si facilement si ce n’est contre des biens sans prix que Medar lui aura offert contre moi ? Je me souviens de ce sabre sublime gardé jalousement dans une salle sacrée au cœur du château où j’ai grandie… Ce sabre m’a volé mon père et son attention. Il n’a toujours eu d’yeux que pour aller l’admirer au moins une fois par jour pendant une heure… J’ai toujours haïs cette arme… l’ai toujours enviée également… elle qu’il a toujours chérit plus que sa famille !
    Un jour je la lui arracherai ! Il comprendra alors ce que c’est que de vivre dans l’attente d’une chose qu’on n’obtiendra jamais… Car je ne la lui rendrai pas !

    Pourtant… Medar semble sincère dans ses mots… Mais je me refuse à lui faire confiance. Je sais qu’il est plus âgé que moi. Et si j’ai peu parlé pendant le repas, j’ai en revanche énormément écouté et observé. Il est loin d’être idiot et je m’en suis aperçue très vite… Je pense qu’il sait maîtriser les mots aussi bien qu’il maîtrise la magie et son empire… Je reste sur mes gardes.


    - En tous cas, laisse moi te dire que non, je ne t'ais rien volé du tout.
    - Si !
    - Que se serait-il passé si je ne t'avais pas épousé, à ton avis ?


    Mon cœur s’affole. J’ouvre déjà la bouche pour lui répondre avec mon tact et ma patience légendaire, mais il est plus rapide que moi…

    - Tu aurais fini dans quelques mois entre les griffes d'un noble riche et puissant qui t'aurais droguée ou aurait demandé à ses mages de te rendre impuissante à chaque fois qu'il aurait voulu te violer, qui aurait abusé de toi encore et encore, car il est vrai que tu es on ne peu plus désirable, et puis qui, une fois qu'il t'aurait engrossée une ou deux fois histoire d'avoir une petite bande d'héritiers, t'aurait trouvée parfaitement inutile. Je vais le tuer ! Alors il t'aurait mise dans une jolie chambre avec des gardes autour, et t'aurait peut-être accordé une promenade à cheval par semaine, plus une soirée de temps en temps, alors qu'il se serait contenté avec une cohorte de maîtresses. Il t'aurait fait peu à peu devenir comme la foule d'inutiles que tu as vu ce soir, et quand l'alliance avec ton père n'aurait plus dépendu de toi il t'aurait simplement faite tuée.

    Je me résume à cet instant à : « et si un regard pouvait tuer… ».

    - Je ne suis pas assez faible pour me laisser plier à la loi de quelqu’un ! Je l’aurais tué avant !

    Réponse on ne peut plus stupide parce que je sais qu’il a raison… et ça m’énerve ! De plus ma manie d’avoir toujours le dernier mot est plus forte que moi…

    - C'est comme ça que ça se serait passé, et pas autrement.
    - Non je l’aurais tué !


    Oh oui je l’aurais fait ! Pendant la nuit, dans un moment d’inattention… Ce ne sont pas les idées qui m’auraient manqué. J’ai beau être jeune, je faisais tout de même déjà partie des meilleurs guerriers chez moi. Tenant tête à des combattants bien plus âgés que moi. Je ne suis peut-être pas encore une déesse du combat, mais je suis discrète, vive et rusée. M’enfuir n’aurait pas été dur. Ensuite, j’aurais été où le vent m’aurait emporté… Très loin…

    - Tu deviens femme, belle Svanhilde, et tu attiserais le désir de n'importe quel homme. La ferme ! Mais je n’ai personnellement aucun besoin d'héritier, et j'ai appris à résisté aux pulsions de mon corps avec les années. Beh voyons… Tu es belle, oui, et ta beauté est une arme que tu peux utiliser comme un agrément pour les yeux, mais je ne vais pas profiter de toi. Je t'ais déjà montré mon pouvoir, j'en ais bien d'autres encore. Je pourrais te violer, là, maintenant.
    *Essaye pour voir !* resserrai-je ma main autour du débrit qui fit couler mon sang sur le sol.
    - Alors écoute-moi et entend-moi quand je te dis que ce ne sera pas le cas. Je ne te ferais aucun mal, d'accord ? Tu avais bien des raisons de craintes mais elles sont infondées.

    Mon palpitant tambourine. Il est en train de me perdre totalement… à quoi il joue à la fin ?! Je ne sais plus où j’en suis ! Est-ce que je dois pleurer ? Sourire ? Hurler ? Je ne sais plus ! Je n’ai jamais eu confiance qu’en moi. Comment le croire lui ? Lui qu’en cet instant je déteste plus que n’importe qui pour m’avoir choisie…

    - Je ne te mets pas dans une nouvelle cage, je te donne la possibilité de construire une nouvelle vie, ta vie, à toi, avec l'argent, le pouvoir et la liberté. Avec tout ce que tu pourrais souhaiter si tu te donne la peine de le conquérir. Y compris être libre, vraiment libre.
    - Je ne veux rien de vous ! le regardai-je s’agenouiller devant moi.

    Mon ton se baissa légèrement lorsque son visage fut à proximité du mien. Dans la lueur des lampes son image frappa mes prunelles d’or. Un instant je l’observe et redessine ses traits. Il est troublant… Il est…
    Non Svan ! Ne le regarde pas ! Ne t’émerveille pas de son charisme presque irréel ! Ne te laisse pas prendre au piège ! On dit que les femmes savent user de leurs charmes, mais les hommes au fond ne sont pas si différents… Je ne me laisserai pas piéger ! Il ne m’aura pas ! Car c’est évident qu’il veut me duper !
    …Non…?


    - Car tu crois que tu étais libre, chez ton père ? Ne te leurre pas, il ne t'aimait pas. Les Drows ont du mal à aimer quelque chose plus que le pouvoir. Il voulait juste t'échanger contre le plus de richesses possibles, et en attendant il a écarté un peu les barreaux de ta cage pour te laisser t'épanouir. Mais tu n'étais pas libre. La ferme qu’il se taise à la fin ! Je te l'offre, cette liberté.
    - Enfermée à clé ?!!!!!
    - Cette porte va s'ouvrir après la durée prescrite par le Prêtre du Dieu, et tu pourras faire ce que tu voudras de tes journées. Mouai… je suis sceptique là… Tu reviendras juste ici pour la plupart des nuits, comme moi, et nous ne toucherons pas si tu ne le veux pas. C'est un choix que je te laisse. Je plisse mes yeux, méfiante. J'aimerais que tu utilises cette liberté pour m'aider, pour conquérir avec moi cette ville, et toutes les autres villes après, y compris celle qui était la tienne, pour montrer aux tiens ce dont tu étais capable. Je t'ai épousée parce que je crois en toi, Svanhilde, parce que je suis convaincu que tu peux faire de grandes, d'immenses choses. Pincez-moi… Je voudrais te montrer, t'aider à développer tout ce que je vois au fond de toi rien qu'en plongeant dans tes si beaux yeux. Par pur esprit de rébellion, je détourne mon regard. C'est ici chez toi, maintenant. Il faut que tu te fasses à cette idée, et j'aimerais que nous en tirions le meilleur, tous les deux, toi et moi.

    Mais pourquoi il veut tant faire pour moi à la fin ?! Qu’est-ce qu’il mijote ?! Il doit forcément avoir une idée derrière la tête !
    Imaginer qu’il puisse penser chaque mot de ce qu’il vient de dire est tentant, mais inconcevable pour moi. Je l’ai dit, je n’ai jamais remit ma confiance à personne. A lui moins qu’à tout autre… Il me faudrait du temps… Du temps pour apprendre à le connaître. A VOULOIR apprendre à le connaître surtout. Mais pour l’instant… il est tout ce que je peux rejeter. Tout ce face à quoi je peux rager et faire subir ma colère qui dissimule en réalité ma peur et mon chagrin. Il est là, il prend…

    Lorsqu’il tend sa main vers moi, j’ai un mouvement de recul mais non pour me dérober à son geste. Je ne suis pas une lâche. Je suis une guerrière. Une drow, une vraie ! Et le bout tranchant qui est dans ma main se retrouve prit d’élan et envoyé vers lui.
    Mais lorsque je sens la chaleur apaisante sur ma joue je me fige et de mes doigts libres, effleure ma peau intacte tandis que mon autre main ensanglantée lâche l’éclat sur le sol parmi les autres vestiges immaculés du vase.
    La respiration courte, je l’observe sans ciller, toujours à genouillée parterre. Il se relève et mes yeux vifs le suivent, ne perdant pas un de ses mouvements, notant chacun de ses gestes. J’ai toujours été observatrice. Au combat c’est la meilleure des armes. Descelle une courbature ou une raideur chez ton adversaire et tu vaincras. En général, ça marchait.
    Je cherche donc les défauts chez Medar. Les faiblesses. Les failles. Mais il semble bien plus complexe et maître de lui que tous les autres que j’ai pu croiser… Cette main qu’il me tend, je l’ignore. Mes prunelles restent rivées aux siennes, entre défis et… je ne sais pas. Il y a un curieux sentiment en moi lorsque je le regarde mais je ne sais pas trop le qualifier. C’est étrange… et perturbant à la fois.


    - Allez, viens, dormons.

    Enfin je semble voir sa main et la repousse, ses mots raisonnant étrangement dans ma tête. Mon visage s’assombrit et mon sang tache à présent sa peau. « Dormir » avait fait écho avec la signification d’aller dans le même lui que lui. Le lit conjugal… le soir de la nuit de noce… Le bon dans mon estomac avait été immédiat, et ainsi l’avait été ma main qui avait claqué la sienne un peu sèchement…

    - Chacun de notre côté, ne t'en fais pas. Tu as besoin de dormir, de refaire tes forces et de réfléchir calmement à tout ça. Tu es intelligente, Svanhilde, mets tes émotions de côté et pense-y au calme.

    Maintenant qu’il le dit, c’est vrai que je me sens épuisée… Et avoir pleuré n’arrange rien. Mes yeux sont douloureux et lourds. Mon corps réclame le confort d’un bon matelas où s’allonger pour récupérer.
    Fébrile, je me relève avec précaution, testant mon équilibre avant de me redresser sur mes jambes fuselée. Il a raison. Je ne suis pas idiote et sais le voir et l’accepter même si ça m’énerve. Dans l’état où je suis de toute façon, je n’arriverai à rien. Pas même à réfléchir clairement. Demain est un autre jour.

    Reniflant doucement, je passe devant lui d’une démarche lente mais naturellement féline, vais jusqu’à l’immense lit à baldaquin et m’y assois. Mes immenses cheveux d’argent retombent de part et d’autre de moi sur la couche alors que le tissu de ma robe de nuit moule mon corps sous les reflets bleutés qui nimbent la pièce.
    Et là, arrogance ou pas, cherchant à prouver quelque chose ou non, j’essaie de me rappeler les mots exacts qu’il a prononcés pour me soigner. Je ne dois pas rater. Surtout pas !
    Je place ma main au dessus de ma paume ouverte et plonge mon regard provocant dans celui de Medar pendant que je me concentre de toutes mes forces, puis répète ses mots avec application. Je sens ma chair me chauffer légèrement mais ne quitte pas mon époux de mon attention. La sensation du liquide chaud et poisseux disparaît peu à peu de ma peau mais je ne souris pas pour souligner ma « victoire ». Ce serait enfantin et puéril.
    Non à la place, je lui sors un regard froid mais fier, celui d’une Reine toisant un rival et me retourne sur le lit afin de me glisser sous les couvertures. D’un mouvement de bras je tasse deux oreillers dans mon dos afin de délimiter le milieu du matelas, et me tourne pour ne pas avoir à le regarder, fermant mes yeux au monde, à cette journée, à lui mon mari...

    Un jour peut-être verrai-je qu’il n’est pas mon rival mais mon allié… Et que malgré ce dont je veux me persuader, il a plus à m’apprendre que je ne veux bien me l’avouer. Pour preuve, la petite cicatrice qui marque à présent la paume de ma main mal refermée…
    Medar
    Medar


    Messages : 30
    Date d'inscription : 28/07/2011

    [Flash back] Un mariage difficile... Empty Re: [Flash back] Un mariage difficile...

    Message par Medar Lun 19 Sep - 14:43

    Tant d'émotions en elle. Tant de rage, tant de haine, tant de colère, un tel sens de la contradiction, et surtout un tel esprit d'adversité ! Elle était jeune, insoumise et rebelle. Elle était très belle et très sauvage dans la lumière bleutée dans lampe enchantées, et quelques instants il fut ramené en arrière, dans des souvenirs si brumeux, et si lointains. Avait-il été ainsi, lui aussi, en ces temps si lointains qu'ils se perdaient dans l'infinité des siècles, que l'idée même de la durée en devenait vaine ? Avaient-ils été ainsi, tous les quatre, du temps de leur jeunesse insouciante, avant que la brume n'envahisse leurs jardins et que leur demeure première ne se perdre à jamais ? Aussi vifs et sauvages, comme des étalons indomptés ? Sa très chère sœur avait été belle, alors, si belle en ces années calmes où les choses n'avaient pas le même sens qu'aujourd'hui, et où bien des actes avaient été posés qui n'avaient pas encore fini de décanté à l'heure actuelle, et eux avec elle, tous ensemble, tous les quatre, puis toute leur race autour d'eux. Ils n'avaient jamais bien obéit, ils n'en avaient jamais été capables. Alors étaient venus les Domaines, puis la chute, et le lent dessein par eux réalisé au cœur même des mondes et de la trame, lentement, patiemment, étape après étape, un dessein et une finalité encore bien lointains dans les abîmes du temps, et si proches à la fois...

    Secouant la tête, il revint brusquement à la réalité quand ses yeux rencontrèrent les iris carmines de la belle, et il décida que oui. Oui, ils avaient été ainsi dans leur jeunesse, oui,il l'avait été, lui, Medar, qui était maintenant grand au rang des Drows, tout en étant tant d'autres choses encore. Et oui, elle aussi pourrait être tant d'autres choses avec les années, si on lui laissait le temps de le faire, si on lui montrait le chemin de l'accomplissement. Elle serait sa plus grande réussite, et il la libérerait dans le monde. Cela ne faisait pas partie du dessein, cela n'était pas nécessaire, aussi ne savait-il si tout cela réussirait. Il ne voyait pas toujours toutes les issues, ne connaissait pas toutes les portes ni tous les endroits où elles débouchaient. Néanmoins, ce qu'il savait il le savait bien, et que ceci perdure ou non, que la belle Svanhilde remplisse plus que le rôle que devrait tenir son épouse ou pas, il ne regretterait rien. Il y avait en lui une envie simple et profonde de l'aider à prendre son envol, de faire en sorte que tout ce merveilleux potentiel ne retombe pas, ne soit pas réduit à rien, simple poussière balayé par le vent du destin et de l'univers, et qu'importaient au fond les conséquences ! Il mènerait cela à bien, pour elle. Il n'aurait su dire au juste pourquoi, mais il assumerait cette décision, quelle que soient ses conséquences dans la marche du temps.

    Pour l'heure, il pouvait lire bien des choses en elle, y comprit l'espoir et l'envie de lui faire confiance, qui s'opposaient à la méfiance naturelle des Elfes Noirs, surtout pour les autres Elfes Noirs, et à la colère qu'elle nourrissait toujours contre lui. Il ne s'attendait pas à mieux, c'était déjà très bien. Il lui faudrait du temps, sans doute beaucoup, pour commencer à lui accorder sa confiance, pour mieux le connaître, jusqu'à peu à peu se confier à lui, mais une fois les germes semés il avait de bons espoirs de les voir pousser. Par contre, son esprit de contradiction, lui, ne disparaîtrait sans doute jamais, bien qu'il espérât l’adoucir quelque peu, d'une façon ou d'une autre. Même si c'était une qualité en soit, et qu'il appréciait ce trait chez elle. C'était mieux, d'ailleurs, au vue de l'énergie qu'elle mettait à le placer toujours en avant. Ainsi, lorsqu'il souligna une négation élémentaire, à savoir qu'il ne lui avait rien volé du tout, la réponse ne tarda pas à claquer, précise, claire et net comme un coup de fouet bien manié.


    « Si ! »

    Cette réponse cinglante ne l'empêcha pourtant pas de poursuivre avec le même calme, toujours aussi imperturbable. Il était un orateur de haut niveau, un maître consommé de la parole, il avait déjà déballé des discours ô combien plus délicats, car remplis de mensonges, dans des conditions bien moindres et avec des risques bien plus grands, une tension plus pesante qu'avec elle, ici et maintenant. Ici, il ne disait que la vérité, la pure et simple vérité, qu'il mettait certes en valeur par ses paroles et par son intonation, mais qu'il ne déformait pas une seule petite seconde. Il ne voulait pas tromper, mais simplement lui ouvrir les yeux, et elle pourrait le fouetter de ses paroles autant de fois qu'elle le voudrait, sa résolution ne vacillerait pas. Ce qu'il avait à gagner, ce qu'ils avaient tous les deux à gagner en vérité, dépassait de bien trop loin un pâle déplaisir instantané, sublimait largement tout cela. Il y gagnerait une épouse qui, à terme, pourrait être son atout le plus précieux, alliant beauté, puissance, charme et efficacité. Elle y gagnerait... sa vie, tout simplement, une nouvelle existence entièrement neuve et entièrement libre, où elle serait maîtresse d'elle-même, où elle pourrait construire à ses côtés un vaste et puissant Empire, pour ensuite y régner avec lui. Cela valait largement quelques contres-coups mineurs, surtout quand on en avait vu autant que lui...

    Le regard assassin de la belle ne l'arrêta pas plus. Oh, combien avait-il vu de regards semblables ou pires encore au fil des ans ! Combien de fois la haine et l'envie de meurtre, entre bien d'autres, avaient-elles brûlées au fond d'iris dirigées contre lui, bien que ces yeux si nombreux aient tous été beaucoup moins beaux que ceux-ci. Bien des gens avaient voulu le tuer d'un regard, et pourtant il était toujours là, toujours là pour soutenir ces yeux assassins de ses étendues carmines, calmement, sans peur, sans crainte, sans énervement ni colère. Il lui faudrait de la patience, il l'avait tout de suite compris, une bonne dose de patience pour pénétrer peu à peu la carapace dont elle avait entouré son âme et son cœur, mais il savait être patient. Les années sans fin et le pouvoir enseignaient cela, la patience. Il avait tout son temps, rien ne pressait. Le joyau de prix qui sommeillait dans la belle Svanhilde valait bien qu'on l'attende, qu'on prenne son temps pour pénétrer précautionneusement ses protections qui n'étaient rien de plus à présent qu'une prison intérieure, pour le libérer sans l'endommager, et sans le perdre à jamais, ce qui aurait été encore plus dommageable. Aussi œuvrerait-il en artisan patient, peu à peu, en douceur.


    « Je ne suis pas assez faible pour me laisser plier à la loi de quelqu’un ! Je l’aurais tué avant ! »

    Ils savaient tous deux que cela était faux, elle aussi bien que lui, il pouvait le voir jusque dans ses yeux, aussi ne prit-il pas la peine de lui répondre plus particulièrement sur ce point. Il y avaient des moyens pour rendre une femme impuissante, au même titre qu'un homme d'ailleurs, quelle que soit sa fougue, sa haine, sa fierté ou son envie de vivre libre et sans chaînes. Il y avait toujours des moyens, il le lui avait démontré quelques instants plus tôt en l’immobilisant totalement et en l'empêchant de faire quoi que ce soit contre lui. Les nobles Drows d'influence avaient généralement de puissants mages à leur service, quand ils ne l'étaient pas eux-mêmes. Ils n'auraient eut aucun mal à la réduire à l'impuissance comme il l'avait fait, sûrement même de façon plus cruelle. Et s'ils n'avaient pas joué la carte de la magie, ils l'aurait attachée, ou bien plus probablement droguée jusqu'à la rendre incapable de se défendre voir même de se rendre compte de ce qui lui arrivait sur le moment. Les Elfes Noirs trouvaient toujours quelque chose pour ce genre de situation, cela faisait partie de leur nature profonde et inaltérable. Ils avaient des trésors de fourberie, et même si elle était de leur propre race sa jeunesse l'aurait condamnée à se faire piégée et à peu à peu être prise toujours plus loin dans cette toile, jusqu'à perdre son éclat et se ternir irrémédiablement...

    Heureusement, cela n'avait pas été le cas, et il voulait lui faire prendre conscience que cela ne serait pas le cas, définitivement pas. Il la sublimerait plutôt que de la ternir, il révélerait son potentiel plutôt que de le tenter de le museler à tout prix, il la laisserait libre plutôt que de la transformé en simple objet de jouissance et d’orgueil maintenu dans une cage dorée mais inflexible. Elle ne le voyait peut-être pas maintenant, tout comme elle ne voulait pas admettre la vérité sur le reste, mais ce e seraient pas de petits détails comme cela qui allaient l'arrêter au même le freiner, si peu que ce soit par ailleurs. Elle finirait par ouvrir les yeux sur ce qui était important, tôt ou tard, et le reste était fort négligeable, après tout.


    « Non je l’aurais tué ! »

    Encore une fois la même bravache, encore une fois il l’ignorât. Oh, il ne doutait pas qu'il y ait en elle le désir sincère et profond de le faire, il ne remettait même pas en cause le fait qu'elle pense pouvoir le faire, mais il avait assez confiance en son intelligence pour croire qu'elle n'évaluait pas bien haut ses chances, sans compter que même si elle l'avait fait, dans bien des cas, presque tous même, elle aurait été tout simplement tuée elle-même par la suite, sans pouvoir profité d'une quelconque liberté. Avec lui, elle n'aurait nul besoin de le tuer, nul besoin de meurtre, nul besoin de se servir de l'éclat de vase qu'elle avait ramassé, arme bien dérisoire contre lui. Il lui dit encore une fois qu'il lui offrait tout, qu'il n'était pas son ennemi.

    « Je ne veux rien de vous ! »

    Une réponse prévisible, et dont il ne se formalisa pas plus que des précédentes. Sa voix avait légèrement baissé, et il pouvait voir au fond de ses prunelles d'or qu'elle n'était plus aussi décidée qu'avant, plus aussi catégorique. Il y avait un doute, une envie de se laisser aller, de succomber au charme et au charisme qui étaient les siens, de lui faire confiance, une envie de plus en plus grande. Peu à peu, la graine germait, le doute lui-même devenait objet de doute. Peu à peu, sa peur infondée s'écartait, et même s'il savait que cela prendrait encore du temps avant d'arriver à terme il ne pouvait s'empêcher de s'en réjouir, plus que de coutume peut-être dans un pareil cas, mais quelle importance cela avait-il ? Absolument aucune... n'est-ce pas ?

    « Enfermée à clé ?!!!!! »

    Certes, pour l'heure, elle était enfermée, ou plutôt ils étaient enfermés, mais il prit le temps de lui expliquer combien cela n'était que temporaire. Il vit le scepticisme en elle, tout comme il vit les émotions complexe dans ses yeux quand il la soigna, son regard au fond du sien, sa magie sur sa peau comme une caresse, fruit de son habileté et qui, bien que non nécessaire, était le reflet de son envie profonde, qu'il réprimait par égard pour elle. Oh oui, il aurait aimé l'allonger sur ce lit et lui faire l'amour avec tendresse, avec passion, mais il savait qu'elle n'était pas prête, qu'elle ne le serait sans doute pas avant un long moment, et il ne voulait en aucun cas le brusquer, encore moins la violer. Il vit d'ailleurs également sa réaction quand il prononça le mot « dormir », avant qu'il ne rectifie ou plutôt qu'il ne précise sa pensée, ce qui ne fit que confirmer son impression. Elle n'était pas prête, définitivement pas. Peut-être un jour le serait-elle, peut-être pas, il ne pouvait en être sûr et ne devait pas laisser ses espoirs reposer sur cela. Ce n'était pas l'aspect le plus intéressant en elle, ce genre de besoin pourrait toujours être satisfait par ses nombreuses maîtresses, comme avant qu'il ne se marie avec elle. Cela ne dépareillerait nullement des autres nobles Drows, mariés ou pas.

    Svanhilde avait rejetée sa main, pour, lâchant son éclat de verre, se relever seule, et gagner seule le lit conjugal. Elle était divinement belle et féline à la lueur des lampes, et son corps à la nimbe argentée – seulement ses cheveux, en vérité – semblait parfait en cet instant. Et alors, non contente de réaffirmer sa beauté, elle confirma encore ses observations sur sa fierté, son intelligence et son potentiel. S'inspirant de son propre sort, elle referma la plaie dans sa main. C'était là un processus imparfait, il avait pu le noter avec l’œil de l'expert, mais il était immensément impressionné et fier. Depuis combien d'année, combien de siècles et de millénaires, n'avait-il vu une jeune femme aussi douée en face de lui ? Il soutint son regard, puis la regarda se glisser dans le lit et limiter clairement celui-ci en deux parties à l'aide d'oreiller. Chaque moitié restait bien assez grande pour une personne, et s'est en souriant qu'il se glissa à son tour sous les draps. Il était confiant en l'avenir, confiant dans le pari qu'il avait fait à son sujet. Souriant toujours, il apaisa la lumière des lampes d'un geste, plongeant la chambre dans une douce pénombre, aussi douce que sa voix qui s'éleva une dernière fois pour clore paisiblement cette soirée si agitée.


    « Bonne nuit, belle Svanhilde... »
    Svanhilde Luaruneclavra
    Svanhilde Luaruneclavra


    Messages : 13
    Date d'inscription : 03/06/2011

    [Flash back] Un mariage difficile... Empty Re: [Flash back] Un mariage difficile...

    Message par Svanhilde Luaruneclavra Dim 25 Sep - 18:09

    * Suite ici *

    Contenu sponsorisé


    [Flash back] Un mariage difficile... Empty Re: [Flash back] Un mariage difficile...

    Message par Contenu sponsorisé


      La date/heure actuelle est Dim 19 Mai - 23:37