[GdD] Évacuation Générale décrétée

[HRP: Sujet qui fait référence au post situé ici]


A l'annonce de la guerre et donc de la mobilisation, Oradroth ordonna également l'évacuation. Ce projet pouvait paraître totalement fou. En fait, il l'était. Comment oser croire que l'évacuation complète de tous les habitants du Dorthonion était une chose envisageable? Oradroth avait du tomber sur la tête, le jour où cette idée lui avait effleuré l'esprit. Il fallait être totalement fêlé pour concevoir un tel plan. Peut-être l'était-il au final? Qui sait?

Toujours est-il que l'évacuation devait se faire rapidement, et en bon ordre. Un plan avait été établit voilà déjà bien des mois, et il devait être suivi à la lettre, tout écart pouvant être fatal.

L'idée était la suivante: évacuer tout le peuple du Dorthonion en un temps record, les armées servant à faire diversion et gagner du temps. Oui il y aurait des pertes, beaucoup de pertes! Mais la population serait sauve!


Les aïeux d'Oradroth n'avait pas toujours vécu ici, sur le lac Iraë. Bien des générations avant, des explorateurs avaient découvert Orkandia. Ils venaient du Nord d'une région située loin à l'Ouest, au-delà des énormes montagnes, qui s'étendent à perte de vue de l'immense mer d'Elensar. Les peuples d'Orkandia n'ont jamais voulu découvrir ce qu'il y avait par là-bas. Et le secret avait été bien gardé. Des premiers colons étaient venus s'installer aux bords du lac Iraë, et de plus en plus de monde était venu. Puis plus personne n'osa entreprendre un si long voyage, ne sachant si un retour était envisageable un jour. Des premières villes furent érigées, et de fil en aiguille, un petit Etat avait prit forme. On l'appela le Dorthonion.

Ainsi donc, Oradroth prévoyait un retour aux terres originelles. Cela paraissait tout bonnement insensé...


On commença donc à évacuer les villes situées le plus loin de la capitale: Terolis, Tek'Lor, Forkanos et Dalvénor. Toutes situées à moins de 10 jours de marche de Gor'Cogrod, il fallait qu'elles soient évacuées en premier.

Actuellement, les différentes Armées du Dorthonion avaient pris leur position. Aussi, nul habitant n'était présent ici. Tout avait été laissé pour les soldats. Les ressources avaient été mises à disposition des hommes qui combattraient.
La garnison de Tek'Lor avait quitté la ville, pour se diriger vers Terolis.

Une fois les habitants de ces quatre villes sains et saufs à Gor'Cogrod, la deuxième phase de l'évacuation pourrait débuter. Pour l'heure, les gardes qui surveillaient le Nord de la capitale venaient d'apercevoir les premiers réfugiés. Ils étaient un nombre impressionnant!

Pourvu que tout se passe bien! songea Oradroth lorsqu'un lieutenant lui apprit la nouvelle de l'arrivée imminente des premiers évacués.

Le Roi ordonna par la suite qu'on lui amène ce très cher Maître Nain, tailleur de pierre, mais surtout de galeries, répondant au nom de Foëg. Il était temps de savoir si le nain avait respecté sa part du marché.

- Il est en ville, mon Seigneur.

- Quelle heureuse coïncidence! Les grands esprits se rencontrent on dirait... - une lueur de malice passa à ce moment dans les yeux bleus glacés d'Oradroth. Invitez-le à déjeuner avec moi. S'il refuse de venir, amenez par la force, même par la peau du cul s'il le faut. Je veux le voir. Mais gardez vos bonnes manières autant que possible, il s'agit tout de même d'un prince...

- Au nom de la Hache Sacrée, veuillez vous expliquer immédiatement! Comment osez-vous me traiter ainsi?

Le Maître Nain était en colère. Il fallait s'y attendre. Bien entendu, il refusa poliment l'invitation d'Oradroth. Alors les gardes le saisirent. Il essaya pourtant de protester et de se débattre, mais rien n'y a fait. Il avait été amené de force au Palais Royal.

- Calmez-vous, mon cher.

- Vous n'avez pas autorité sur moi! Me faire convoquer est une insulte!

- Peut être, mais vous auriez accepté sans rechigner, vous n'auriez pas été autant humilié...

Le Nain baragouina une insulte à destination d'Oradroth, mais celle-ci reste dans sa barbe.

Le Roi souhaita avoir des informations sur la construction des tunnels, entreprise il y a quelques mois déjà. Cela avait coûté une fortune, le résultat avait intérêt à être plus que satisfaisant. Maître Foëg lui apprit que les chantiers étaient terminés depuis peu. Tout s'était bien goupillé au final.

- Votre réputation est sauve, Maître Nain! Vous adresserez mes compliments à vos architectes et bâtisseurs.

Cependant, Oradroth remarqua un certain embarras chez le Nain. On avait l'impression qu'il dansait d'un pied à l'autre, ne sachant quelle posture adopter. A l'évidence, une question le tracassait. Finalement, le Roi du Dorthonion devina ce dont voulait s'assurer le Nain.

- Soyez sans crainte! Le chantier a été terminé juste avant la déclaration de guerre, d'après ce que vous me dites. Vous n'avez donc enfreint l'embargo imposé par l'Empire à mon Royaume. Ellianne ne pourra vous châtier, puisque notre marché à été conclu il y a longtemps. Vous n'avez donc pas aidé un ennemi de l'Empire en temps de guerre.

Rassuré, Maître Foëg se décrispa. Puis il serra la main du Roi. Alors Oradroth proposa au Nain de se restaurer un peu, avant de retourner rapidement aux Monts pour préparer la gestion d'un afflux massif de réfugiés.

Les heures passaient, et de plus en plus d'évacués arrivaient en ville. Au début, tout s'était bien déroulé, mais maintenant que les évacués s'étaient mêlés à la population locale, il était devenu difficile de savoir qui était qui exactement. En apprenant l'ordre d'évacuation, une onde de peur avait traversé Gor Cogrod. A présent, de nombreux habitants voulaient partir au plus vite, en faisait fit de la procédure, et se faisaient passer pour des habitants de Terolis, Tek'Lor, Forkanos ou Dalvénor.

Après quelques heures de repos en ville, les évacués devaient poursuivre leur route vers Olteron. Là-bas, il seraient pris en charge par les nains et emmenés dans les tunnels et autres galeries. S'il y avait un endroit où tout pouvait dégénérer, c'était bien à Olteron. Le Roi espérait que les 2.000 hommes qui composaient la garnison de la ville arriveraient à maintenir l'ordre, si un vent de panique se faisait sentir parmi les gens.

A présent, cinq autres villes avaient reçu l'ordre d'évacuer leurs habitants. Il s'agissait de Brumikon, Asta, Olmath, Bealor, et Val'Kilion. Un flot interminable de gens allait déferler sur la Capitale. Le maintien de l'ordre allait être un enjeu majeur de la réussite de ce plan. D'ici 3 jours, les évacués des cinq autres villes allaient pointer leur nez. Encore une bonne semaine, et tout serait terminé, ou presque.

- J'espère seulement que mon Armée pourra s'en tirer aussi.

Le problème de l'Armée n'avait pas encore été débattu. Certains préféraient l'abandonner à son sort, estimant que son rôle majeur était de protéger la population civile. D'autres pensaient au contraire qu'il fallait la sauver coûte que coûte. En effet, sans personne pour maintenir un semblant d'ordre par la suite, comment se faire obéir lorsque les gens ont perdu la monotonie de leur quotidien. La peur et le doute allaient s’immiscer ici et là, et il suffirait d'une seule personne pour que tout dérape. Alors tout aura été vain. Non! Il fallait établir un plan de repli pour l'Armée. Les pertes seraient sans doute nombreuses, mais même un quart de l'Armée suffirait.

- Un quart, se répétait Oradroth, alors qu'il avait réussi à rallier différents conseillers à sa cause. J'espère que ce sera suffisant!

Eh oui, car si la mission de reconnaissance que le Roi avait envoyé au Nord à l'Ouest foirait, ça ne sera pas aisé de se faire accepter par les peuples vivants là-bas. Il fallait préparer le terrain. Le débarquement des habitants du Dorthonion et de l'Armée en terres du Nord de l'Ouest ne serait pas considéré comme pacifique, si personne n'avait pu expliquer le pourquoi du comment. Et croire pouvoir battre les armées du Nord autochtones avec uniquement dix ou quinze mille hommes était tout simplement pure folie...

Le roi à Olteron, la garde de la Capitale fut confiée à un Conseiller digne de confiance, puisqu'ami d'Oradroth. La nouvelle de la prise d'Ergar par les forces acheronaises était parvenue à Gor Cogrod rapidement. Le Conseiller froissa le petit morceau de papier, et préféra rapidement se concentrer sur les affaires qui l'occupaient le plus en ce moment, soit l'accueil des habitants de Brumikon, Asta, Olmath, Béalor et Val'Killion. Car oui, ils arrivaient depuis une bonne journée maintenant. La ville s'était à peine "débarrassée" des habitants des quatre premières villes évacuées, qu'il y en arrivait de nouveau.

Mais la situation était sous contrôle. Ellianne concentrait ses forces sur des villes sans importance, puisque vides. Et tant mieux! Car cela laissait du temps pour tout faire en bon ordre, sans précipitation.

Une fois les populations des cinq villes sorties de la Capitale, ce serait au tour des habitants de Gor'Cogrod, justement, de plier bagages, et de suivre les autres en direction d'Olteron.

Les jours passaient, et le flot continuait. Interminable. De Gor Cogrod, tous ces gens arrivaient à Olteron, et s’engouffraient sous les Monts Brumeux. Tel un flot continu, Oradroth n'en voyait pas la fin. Pourtant, l'idée était bien de lui, mais peut être avait-il été trop ambitieux et sûr de lui sur ce coup là?

- Bah! Les plaines derrières les Monts sont accueillantes, et appartiennent à Volkmar. Au pire, ils y seront bien, pour quelques temps, du moins - marmonna-t-il alors qu'il regardait par la fenêtre du palais, qui lui servait de quartier général à Oltéron.

Bientôt, d'ici quelques heures, il verrait arriver les habitants de la Capitale. Gor Cogrod était la plus grande cité de tout le royaume du Dorthonion. Le dernier habitant évacué ne pointerai pas le bout de son nez avant trois ou quatre jours. Cela laisserait du temps au Roi de planifier encore quelques petits détails. Une entrevue avec Volkmar était prévue. Les deux seigneurs allaient discuter de politique, de tactique, et bien entendu, de ruse.